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Il y a quelques mois, Jack Conte, CEO de la plateforme Patreon, donnait une conférence dans le cadre des Keynotes SXSW intitulée “La fin du follow et le futur de la créativité”. Riche d’enseignement et de conseils, nous avons décidé de vous en donner un petit aperçu dans cet article !

Naissance et mort du follow

Jack Conte revient sur son expérience de musicien et sur les débuts d’internet, du merveilleux et bouleversant internet, et surtout sur les débuts de YouTube. Avec le concept du “follow”, cette plateforme a entièrement révolutionné le web, le concept de communauté, et a créé du même coup un canal complètement inédit pour les créateurs. En tant qu’artiste, Jack Conte en a expérimenté la révolution : après avoir joué pendant des années dans des bars vides, quelques vidéos sur YouTube lui ont presque instantanément permis d’attirer l’attention de milliers de personnes, avec lesquelles il a pu construire une communauté solide et qui sont devenus des fans fidèles. 

Le follow a permis aux artistes de trouver les personnes intéressées par leur contenu, d’être certain.e.s que leurs futures créations arriveraient jusqu’à elles, et ultimement, de créer un véritable canal de distribution de leur créativité. C’est la “creator led community”, la communauté centrée autour du.de la créateur.rice.

Le concept du follow a changé ma vie, il a transformé tous mes rêves d’artiste en réalité.

Si le web avait permis d’atteindre un public, YouTube a permis de le convertir en une base fan solide. Le secret, selon Jack Conte, réside dans le concept des “superfans” : ceux qui initient leurs proches, qui partagent les contenus, qui achètent le merch, qui viennent aux concerts. Avec une idée empruntée à Kevin Kelly, il nous explique qu’à l’âge d’internet, plus besoin de millions de fans : “Si vous en avez seulement 1000, mais qu’ils sont prêt à vous donner 100€ par an pour votre musique, vous vous retrouvez avec un business de 100 000€ par an, et c’est un sacrément bon business”

Cependant, si la carrière musicale de Jack Conte a explosé grâce à Youtube et au follow, la réalité du web et des réseaux sociaux a désormais bien changé. Dans les années 2010 arrive Facebook, et avec lui les débuts de l’algorithme. Adieu la certitude que vos followers verront votre contenu, adieu le lien solide avec vos fans, adieu le canal de distribution de votre créativité. Et avec cela naît une nouvelle forme de contrainte sur la création : celle de créer quelque chose de meilleur du point de vue de l’algorithme et de ses critères. Il ne s’agit plus de savoir que l’on veut créer en tant qu’artiste, mais de savoir que l’on doit créer pour que l’algorithme favorise notre contenu. Et ainsi, le mindset créatif connaît un changement sans précédent. 

Dernière pierre à l’édifice de la mort du follow : la naissance de TikTok et de ses “Pour toi”. Le concept de follow devient quasiment obsolète, puisque le contenu mis en avant n’est plus choisi qu’en fonction de l’interaction qu’il recevra. En d’autres termes, ce n’est plus l’utilisateur qui choisit ce qu’il regarde, mais la plateforme.

Faire renaître les “creator led communities”

Selon Jack Conte, l’affaiblissement des communautés créatives est le plus gros challenge auquel font face les entreprises de la tech, et la plus grande menace qui pèse sur les créateur.rice.s. 

Bien heureusement, une nouvelle vague de plateformes prennent en main le problème et cherchent à développer une dynamique plus favorable à la créativité sur le web. Le point central étant, bien sûr, les superfans et la création d’une connexion durable entre les créateur.rice.s et leur public. Prenant l’exemple de Patreon, Jake Conte nous présente les différents outils que la plateforme a développés pour tenter de remettre cette connexion au centre de l’écosystème du web. On y retrouve par exemple les chats, pour permettre à la communauté de créer une véritable énergie de groupe, l’outil commerce, pour que les fans qui ne souhaitent pas souscrire un abonnement puissent tout de même participer au business du créateur et le soutenir, ou encore le live, qui permet de mettre en scène de véritable événements virtuels avec leur propre billetterie, et de créer des espaces de communion et d’intéraction entre le.la créateur.rice, l’oeuvre, et le public. 

On l’aura compris, le conseil numéro 1 de Jack Conte aux créateur.rice.s, c’est de trouver et d’investir dans leurs superfans. Ils sont le moteur des beaux projets, des réussites, et il faut donc y accorder un soin tout particulier. Son second conseil, c’est de “faire de belles choses”. Même si l’algorithme fait peser une immense tension à suivre ses critères, à créer du contenu viral ou efficace, la clé de la création c’est avant tout de faire des choses dont est fier.e, de créer du contenu qui nous ressemble, qui nous importe. Enfin, sa dernière recommandation, c’est de savoir ce que l’on veut. Dans un écosystème où les tableaux de bords des réseaux sociaux fixent pour nous des critères, des métriques et des objectifs, il est primordial de savoir, dans sa tête et dans son cœur, le but que l’on se donne. Le succès est une mesure intrinsèque, elle ne peut venir de nulle part ailleurs que de nous-même, et s’il tend désormais à être associé à des critères précis de nombre de vues, de likes ou d’abonnés, il faut avoir confiance, en tant que créateur.rice, aux objectifs que l’on se donne à soi, et non à ceux que les plateformes créent pour nous à notre place. 

L’intervention de Jake Conte regorge d’idées, de conseils et de belles sources d’inspiration pour les créateur.rice.s, et même si nous avons fait de notre mieux pour en retranscrire les idées principales, on ne peut que vous recommander chaudement d’y jeter un coup d’oeil par vous-mêmes ! 

Vidéo complète : https://youtu.be/5zUndMfMInc?si=Gd0V4Y18f88x9Yv9