L’annonce d’un partenariat entre Universal Music Group et la société d’IA Udio marque une nouvelle étape dans l’intégration de l’intelligence artificielle au cœur de l’industrie musicale. Une plateforme de création musicale alimentée par le catalogue mondial d’Universal pourrait voir le jour dès l’année prochaine. Mais derrière cette promesse technologique, un point essentiel bloque : les droits des artistes-interprètes, protégés par un cadre légal strict.
Un accord ambitieux, mais incompatible avec le droit français et international
En confirmant que le catalogue français serait concerné, Universal soulève un problème majeur : la loi ne permet pas aujourd’hui qu’une IA exploitant des enregistrements soit entraînée sur les prestations d’artistes-interprètes sans leur accord.
En France, l’Adami et la Spedidam (deux organismes de gestion collective qui représentent des dizaines de milliers d’artistes) ont déjà activé leur droit d’opposition (“opt-out”). Cela interdit aux entreprises, y compris Universal, de fouiller ou d’analyser ces enregistrements via une IA générative.
Au-delà de cet opt-out, une autorisation individuelle et rémunérée est obligatoire pour chaque artiste impliqué dans un enregistrement : artistes principaux, musicien·nes, choristes… Ces autorisations n’existent quasiment pour aucun titre protégé, rendant l’accord juridiquement inapplicable dans son état actuel.
Un enjeu crucial pour l’avenir des artistes et de la création
Le développement accéléré de l’IA générative, souvent mal encadré, inquiète de nombreux artistes qui refusent que leurs œuvres soient absorbées sans consentement, ni contrôle, ni rémunération.
L’Adami et la Spedidam alertent sur les risques : dilution des droits, précarisation des artistes, perte de perspectives d’emploi, menace sur la diversité des esthétiques. Elles appellent à une mobilisation plus forte pour garantir un avenir où la technologie ne se développe pas au détriment de celles et ceux qui créent et interprètent la musique.
Ce débat dépasse largement le cas Universal–Udio : il pose les bases de la place des artistes-interprètes dans l’industrie musicale de demain.


