Dans l’industrie musicale, il existe un moteur de croissance souvent sous-estimé : la synchronisation. La synchronisation, c’est le placement de chansons dans des films, des séries, des publicités ou des jeux, et ce n’est pas juste un bonus marketing : c’est un levier stratégique capable de propulser une musique dans une toute autre dimension.
Transformer une chanson en phénomène viral
Quand une musique est synchronisée avec un contenu visuel populaire, elle bénéficie d’un double effet : exposition massive et lien émotionnel fort. En s’associant à une histoire, une scène ou un personnage, la chanson gagne une nouvelle vie. Le.la spectateur.rice l’entend dans un moment fort, se l’approprie, va la rechercher sur les plateformes de streaming, et souvent, la réécoute en boucle.
Prenons l’exemple de Kate Bush et son « Running Up That Hill », présent dans la saison 4 de Stranger Things. Ce classique des années 80 a été redécouvert par des millions de personnes grâce à la série. Le morceau, dès lors, est sorti du pur “hit de nostalgie” pour redevenir une musique mainstream, générant non seulement des streams astronomiques, mais également des nouvelles générations de fans.
Autre cas : la série The Summer I Turned Pretty. Selon Billboard, le show a offert une vitrine phénoménale à certains titres, et après les diffusions, les écoutes de ces musiques s’envolent. Pour les artistes, le bénéfice est double : monétisation via les droits de synchronisation, et boost de leur carrière grâce à l’augmentation des streams et de la visibilité, les faisant parfois passer du rang d’artiste local à celui de star mondiale. Pour les plateformes musicales, ces nouveaux hits deviennent des moteurs d’engagement puissant.
Au-delà des séries, les chansons synchronisées dans les films ou les pubs suivent le même schéma : elles se greffent à un récit plus large, deviennent des repères, des “sons d’émotion”. Cet impact est d’autant plus fort lorsqu’il y a un sentiment d’appartenance : les publicitaires ne cherchent pas seulement une musique accrocheuse, mais une musique qui transmet une émotion, un univers, qui s’aligne avec l’histoire visuelle.
Comment les artistes et l’industrie peuvent tirer parti de la synchronisation
Pour un.e artiste, développer une stratégie de synchro ne se limite pas à envoyer des MP3 : il faut penser univers, storytelling, public visé. Premièrement, il est crucial de comprendre le type de productions qui correspondent à sa musique : une chanson pop mélancolique aura plus de chances de matcher avec une série dramatique qu’avec une pub de sport.
Ensuite, travailler avec des éditeurs devient presque indispensable. Ils connaissent les producteurs.rices, les superviseur.rices musicaux et les besoins des réalisateurs.rices : leur rôle est de faire matcher votre catalogue avec les histoires en développement. Cela peut aussi passer par des banques de musique ou des catalogues “synchro friendly” que vous alimentez.
Il ne faut pas non plus sous-estimer le potentiel de réutilisation : une chanson synchronisée dans une série peut être réutilisée dans des trailers, des promos, ou être ressortie à chaque saison, multipliant ainsi les revenus dans le temps.
Petit point d’attention : sur le plan contractuel, les licences de synchronisation peuvent être complexes. Durée d’exploitation, territoire, type de média (streaming, télé, cinéma), exclusivité… Ces éléments déterminent la valeur de votre placement. Une bonne négociation permet de sécuriser un revenu plus pérenne et des conditions favorables.
La synchronisation n’est donc pas un simple canal de diffusion : c’est une stratégie puissante pour donner à une chanson une nouvelle dimension médiatique, émotionnelle et financière. Quand une musique s’intègre à un univers visuel populaire, elle peut non seulement toucher un public plus large, mais aussi déclencher un véritable phénomène culturel. Pour les artistes, miser sur la synchro, c’est investir dans des opportunités qui dépassent les playlists.
Crédit photo : Netflix


